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En poste malgré leur travail ardu : Ces jeûneurs pas comme les autres

Il est vrai que bon nombre d’administrations et services se vident de leurs employés, mais d’autres sont là à travailler durement afin de s’assurer « son pain ». Une tournée à travers les chantiers de la capitale, et ceux de Boumerdes, un plus à l’Est, nous a permis d’en avoir le cœur net. Madjid est l’un de ceux-là.  Maçon de profession, rencontré sur un chantier de construction de logement pour le compte d’une entreprise étatique, sur les hauteurs d’Alger, il a d’emblée affirmé que sans sa «journée», ses enfants « ne pourront rien ne mettre sous la dent ». Pour lui, qu’il pleuve ou qu’il neige, le bien-être de ses trois enfants passe avant tout. « Je serais menteur si je vous dis qu’il est aisé de jeûner et travailler, exposé au soleil durant ces journées caniculaires mais que faire. Je n’ai guère le choix», a- t-il ajouté. Avec toutes les dépenses durant mois de carême et un aïd sur les portes, pas question pour notre maçon de « s’offrir une seule journée de repos » en dehors du week-end. « La vie est dure mais il faut faire avec. Ce n’est pas la canicule et/ou le jeûne qui vont me dissuader de garantir à mes enfants le minimum de bonheur », a-t-il confié comme pour résumer « le sacrifice » de ces « bâtisseurs ».  Appelés communément zouafra, ces travailleurs tentent tant bien que mal de trouver des emplois pour une certaine période (un à deux mois) afin de se mettre à l’abri d’un éventuel blocage. Ces hommes aux vêtements froissés et tachés de plâtre, de peinture ou de ciment, n’entame en rien leur fierté inébranlable.  Ils sont venus des quatre coins du pays et ont choisi la capitale à la recherche d’un travail qu’ils n’ont pas pu trouver chez eux. Chéraga, Bois Des Cars, Ouled Fayet, Bab Ezzouar et Aïn-Allah, pour ne citer que ces communes, constituent des lieux de prédilection où la présence de ces Algériens est des plus nombreuses. A chacun sa spécialité et sa stratégie de négociation avec les employeurs. Ils attendent impatiemment, l’arrivée d’un éventuel entrepreneur dans les travaux de bâtiment ou le cas échéant, d’un particulier en quête de maçons, de peintres ou de plâtriers. Ils ne sont pas trop nombreux en ce mois de carême, mais beaucoup d’entre eux, ne tiennent absolument pas à rentrer les mains vides » l’aïd prochain.

Blouses blanches

Nos maçons et « zouafras » ne sont pas les seuls à ne pas se permettre « un congé » en ce mois de Ramadhan. Nos médecins et infirmiers aussi. Il était environ 14h quand nous avons entamé le portail principal du service des urgences médico-chirurgicales de l’hôpital de Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdes. Tout indiquait que le service connaissait une ambiance particulière, comme à chaque jour d’ailleurs, également dans tous nos établissements de santé. Les sirènes des ambulances nous feront  oublier qu’il s’agit d’une journée ramadhanesque. Les malades y affluaient de toute part. Le nombre du personnel  médical ne semblait pas réduit. Mais ce n’est pas en se tenant à l’écart qu’on pouvait avoir le cœur net. Il fallait voir de tout prêt. Et comme il fallait s’y attendre, les salles d’attente étaient bondées de monde.  A chacun son mal. Il faudrait tout de même attendre son tour ». « On ne peut pas vider les établissements de santé. Il faudrait bien qu’il y’ait du personnel à s’occuper des malades et des cas urgents », a souligné à propos le Dr Amel.   Médecin urgentiste, cette dernière a en outre assuré que « sur instruction de la tutelle –une information que nous n’avons pu ni confirmer ni infirmer-  les congés de maladie ont été carrément interdits en ce mois». Évoquant son « emploi » du temps, le Dr Amel a noté qu’il est trop chargé. « On se sent vraiment épuisé durant ces longues journées de jeûne et de chaleur mais, faudrait-il le souligner, notre mission est d’apporter assistance et soins à nos concitoyens.  Outre les médecins qui s’assurent de la continuité de la prise en charge médicale, d’autres, en uniforme, cette fois-ci, acquittent chacun, de sa mission : celle de veiller à la sécurité des personnes et des biens. Ils sont gendarmes, soldats de l’ANP, gardes communaux et policiers.   Ces Hommes et femmes méritent tous les hommages.

Yacine Oufella

Rédaction Crésus

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